samedi 26 juillet 2014

La nouvelle cuvette de toilettes de Vassili Chevtchenko

L'été 2014 poursuit son chemin et le commun des mortels dont je fais partie se fait prendre en otage par des nouvelles toutes plus tragiques les unes que les autres. Pour preuve:

Le concert de Patrick Bruel a dû être annulé à Sion car un violent orage s'est déchaîné sur la capitale valaisanne. Pour ceux qui pensent que le soleil règne toujours en maître en Valais, le constat est amère. Les jeunes filles et leurs mères n'auront pas eu le loisir de tomber en pâmoison devant le beau mâle intemporel à la voix rocailleuse. "Sion sous les étoiles" s'est transformé en "Sion sous le déluge" et c'est presque pire qu'un changement d'entraîneur du club de la ville. En tous les cas, cela a fait la une du Nouvelliste qui ne sait bientôt plus comment alimenter ses colonnes pendant l'été. Bientôt il n'y a aura que la page des annonces mortuaires et le compte-rendu des frasques de Christian Constantin qui feront vendre ledit journal.

Une jeune fille de 14 ans s'est fait enlevée et tuée par balle dans une petite bourgade tranquille du canton de Vaud. La population du lieu, médusée, se demande comment on a pu en arriver là. Elle se réveille le lendemain de la nouvelle avec une impression désagréable au fond de l'estomac. Comble de l'histoire: avant même que la police n'ait bouclé son enquête, le nom de l'assassin est livré en pâture sur Facebook par un membre de la famille de la jeune fille. Les commentaires tendancieux et les insultes ne tardent pas à affluer en réponse à cette information, sorte d'exutoire à une colère pourtant légitime. On ne peut s'empêcher de penser que Facebook n'est finalement que le miroir virtuel d'une société en mal de sensations fortes et avide de faits divers sordides.

L'organisation du Paléo festival a annoncé le désistement du tant attendu Gaëtan Roussel pour des raisons médicales. Et c'est encore Bastian Baker et ses mélodies sirupeuses pour minettes en chaleur qui a assuré le spectacle au pied levé. Patauger dans la gadoue et écouter les tubes du Bastian, c'est un incontournable de l'été suisse romand et cela permet à des tas d'écervelées de déclarer haut et fort sur les réseaux sociaux que "Bastian il est trop beau"!

Ne parlons même pas des morts par centaines dans la bande de Gaza et du discours naïf et pourtant résolument positif du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon. Exhortant les belligérants à se réunir autour d'une table afin de privilégier le dialogue, il espère peut-être qu'une énième conférence internationale pour la paix pourra adoucir une politique israélienne pourtant résolument offensive depuis des lustres. Les Etats-Unis pendant ce temps continuent de fournir en armes la soldatesque israélienne, l'Union européenne crie au scandale et le monde regarde avec effarement les destructions massives et les brancards ensanglantés portés par des humanitaires totalement dépassés par l'ampleur des bombardements. On en oublierait presque qu'en Syrie, c'est toujours le même cirque et que le Moyen-Orient risque à court terme un embrasement total.

Mais parmi toutes ces histoires sordides de combats, de destructions inhumaines, de concerts annulés, de météo digne d'un mois de novembre, de boue sur la plaine de l'Asse, j'ai pu tout de même me réjouir d'une chose et non des moindres.

Vassili Chevtchenko a enfin pu changer la cuvette de ses toilettes défectueuse depuis des mois. En effet, depuis le début de la crise ukrainienne, il lui a été difficile de faire appel à son installateur sanitaire préféré, son ami depuis toujours, le bien nommé Fedor Ivahchenko. Car depuis des semaines, Fedor a troqué son bleu de travail et ses clés à molette pour patrouiller, pantalons militaires fièrement arborés et mitraillette au poing, afin de faire régner l'ordre militaire dans la province de Donetsk. Fedor est ukrainien mais son coeur et son âme sont entièrement dévoués à la Russie et à la gloire des tsars disparus. Avec ses goûts vestimentaires de chiotte (le comble pour un installateur sanitaire), il a décrété qu'il valait mieux pour lui se rallier à une équipe de dingues voulant restaurer la puissance russe que de rester croupir dans une activité finalement peu rentable dans ce pays miné par la crise.

Mais heureusement pour Vassili Chevtchenko, ce jeudi 17 juillet 2014, la cuvette tant attendue et un peu inespérée est tombée du ciel, telle une grâce céleste, et s'est enfoncée presque intacte dans son coin de champ de pommes de terre. Vassili, d'abord surpris puis émerveillé par tant de bonté divine, s'est précipité pour récupérer le précieux trophée parmi de multiples débris sans valeur à ses yeux et a déclaré à sa femme Irina qu'enfin le ciel avait entendu leurs prières éplorées. Sur plusieurs centaines de mètres, il a traîné l'objet sans aide de tiers car les seules personnes qu'il ait rencontrées durant ce dur labeur gisaient à terre, membres déchiquetés et donc bien incapables de lui apporter un quelconque renfort. Grâce à sa vaillante forme physique, Vassili a pu installer la cuvette dans la cahute au fond de son jardin et depuis lors, il peut déféquer de nouveau dans des conditions tout à fait respectables. Le vendredi 18 juillet, bien installé sur son trône, il s'est même dit que Fédor Ivahchenko allait se retrouver dans une sale situation financière s'il continuait à privilégier les battues inutiles, arme au poing, gesticulant devant les caméras de télévision étrangère en gonflant ses muscles au lieu de prendre soin de ses clients de toujours: "Quand même, espérer retourner au temps des tsars alors qu'on est simple installateur sanitaire, c'est vouloir vraiment se retrouver dans la m... ce qui serait un comble pour un représentant de ce corps de métier", a crié Vassili en serrant les fesses dans un rictus d'extase.

Les voisins de Vassili n'ont pas été en reste. Ils ont pu récupérer quelques bouts de tôle ondulée, pas trop ravagée par l'impact au sol, afin de refaire un bout de toiture de leurs fermes et ramasser quelques valises, au cas où ils auraient l'occasion de partir en voyage au lointain... en avion.

Abandonnons un instant notre ami Vassili  en train d'essuyer son arrière-train pour faire le point sur la situation du pays dans lequel il plante des patates depuis qu'il a fini sa scolarité obligatoire. La crise ukrainienne débute le 21 novembre 2013 à la suite d'une décision du gouvernement ukrainien de ne pas signer un accord d'association avec l'Union européenne. Des manifestations de grande ampleur éclatent alors dans tout le pays et provoquent le 22 février 2014 la fuite puis la destitution du président en place. Des pneus sont brûlés dans les rues de la capitale, les discours enflammés pleuvent sur les places, les rebelles s'arment et un nouveau gouvernement est mis en place. La Crimée se rebiffe ensuite, proclame son indépendance et vote pour son rattachement à la Russie, adhésion reconnue par le gouvernement russe. 

La communauté internationale est scandalisée mais ne peut enrayer l'escalade de la violence. Bubu, notre beau président, s'inquiète et déploie des efforts diplomatiques sans fin afin de faire entendre raison aux protagonistes de cette mascarade géopolitique. Mais il faudra l'épisode de la cuvette des toilettes récupérée par Vassili Chevtchenko, le treillis militaire, le sourire niais et les muscles bombés de Fedor Ivahchenko, les membres déchiquetés de civils étrangers éparpillés sur plusieurs dizaines de kilomètres pour que l'on commence à saisir l'ampleur de la désintégration politique de la région et la montée en puissance de fous avides de grandeur impériale.

Les téléspectateurs du monde entier regardent alors médusés et effarés la cérémonie burlesque durant laquelle des séparatistes pro-russes remettent les deux boîtes noires de l'avion accidenté aux inspecteurs malaisiens heureux de mettre enfin la main sur le précieux sésame. Pendant ce temps, le dieu Poutine réagit enfin du haut de sa magnificence en déclarant qu'il mettra tout en œuvre pour faire l'entière lumière sur cette affaire. On se surprend à vouloir encore une fois lui tirer une claque pour tant d'effronterie. Après Sochi, ce n'est pas encore fini.  Promis, on appellera demain Gérard pour qu'il se charge de mettre une beigne entre les deux yeux du président russe lorsqu'il sera complètement cuit à la vodka lors d'une partouze officielle réunissant les plus grosses élites de son fief mafieux.

Le leader des séparatistes pro-russes Alexandre Borodai se frotte les mains tel Ponce Pilate. Le monde entier a pu voir sa dégaine improbable (veste en jeans et chemise de bûcheron) lors de la remise des boîtes noires et comprendre l'influence de ce dangereux personnage sur des citoyens en mal de sensations fortes tel Fedor, l'ancien roi du sanitaire. Quand on sait que Borodai a travaillé à la préparation d'une thèse en philosophie sociale dont le thème portait sur les conflits ethniques et la théorie des élites et qu'il a été correspondant de guerre couvrant le conflit en Tchétchénie, on est en droit de se poser de sérieuses questions sur la suite de ce conflit. Et quand on se rappelle surtout que le 16 mai 2014, la troisième session du conseil suprême de la "république populaire de Donetsk" autoproclamée l'a élu à mains levées comme Premier ministre de cette entité, on ne peut que craindre pour l'avenir de toute la région gouvernée dès cet instant par un illuminé sans scrupule.

Le programme politique de Borodai pourrait se résumer ainsi: les petits soldats armés par la Russie ont pour mission de défendre la nouvelle république contre l'invasion de ceux qui ne sont pas pro-russes. En parallèle à ces actions militaires, les élites bien pensantes s'attellent à la construction expérimentale d'une "Autre Russie". Somme toute, il s'agit d'une savante combinaison d'activisme, de rigueur militaire mais aussi de banditisme mafieux, cocktail, qui, si on y réfléchit bien, est tout aussi explosif qu'un missile tiré par inadvertance sur un avion civil de la Malaysia Airlines.

Et pendant ce temps-là, alors que Vassili s'essuie soigneusement l'arrière-train dans sa petite cahute au fond du jardin, que Fedor arbore son sourire conquérant aux télévisions du monde entier, on se renvoie la balle dans un ballet diplomatique dépassé par tant de crises: la Syrie continue d'agoniser, les copains de la bande de Gaza de se faire démonter la tronche et la boue de s'amasser en gros paquets sur la plaine de l'Asse.

Dans ces circonstances tragiques, le vacancier de l'été 2014 peine à choisir son mode de transport qui le conduira à sa destination de rêve. Les voyages en avion finissent mal ces derniers mois. Le voyageur risque de se ramasser un missile dans les dents alors qu'il est tranquillement en train de dormir la tête appuyée contre le hublot. Ou alors il peut simplement disparaître des écrans radar et ne jamais arriver sur la belle plage paradisiaque choisie sur catalogue. La croisière en bateau n'est pas beaucoup plus sûre. Embarquer sur un beau paquebot grand luxe avec à sa tête un capitaine italien complètement marteau peut vous mener tout droit à batifoler avec les poissons pour l'éternité. Enfourcher une bicyclette n'est pas commode non plus, Pistolero l'a appris à ses dépends lors du Tour de France 2014.

Et pendant que le touriste cherche le moyen le plus sûr pour se déplacer pendant ses petites vacances, une autre partie de l'humanité se demande simplement si elle pourra traverser la rue sans se faire descendre par des tirs mal placés de ses ennemis. Les diplomates s'échauffent inutilement à tenter de trouver des solutions de paix pour des populations manipulées par des responsables politiques complètement barrés. 

Le seul qui s'en sort relativement bien dans toute cette crasse environnante, c'est Vassili Chevtchenko. Même si son pays est au bord du gouffre, tranquillement assis sur ses nouvelles toilettes, il savoure ce cadeau tombé du ciel. Washington accuse la Russie d'avoir fourni le fameux missile aux indépendantistes pro-russes, missile qui a provoqué la chute d'une cuvette de toilettes dans un champ de patates. Poutine s'insurge et le monde entier regarde avec tristesse le ballet des corbillards néerlandais ramenant les victimes au pays.

Il n'y a pas à dire, c'est vraiment un été de m... et la vision de Vassili le chanceux en train de fabriquer avec délectation un nouvel étron ne m'enlèvera pas de sitôt cette idée de la tête. 


© Dédé Juillet 2014

dimanche 18 mai 2014

Lettre ouverte à Sepp Blatter, président de la FIFA

Monsieur le Président de la FIFA,
Vous êtes valaisan et je le suis aussi. Forcément, cela devait créer des liens: les montagnes, le Rhône, le mercure dans la plaine du Rhône, la patrouille des Glaciers, la finale des Reines à Aproz, la petite Arvine des fils Maye, le carnaval de Monthey et le collège de la Royale Abbaye de Saint-Maurice dans lequel vous avez traîné votre cartable et moi aussi.

On devrait sans doute ressentir une émotion comparable devant le Cervin ou les Dents-du-Midi et chanter avec la même allégresse le Pays où le Rhône a son cours.

Vous êtes le 8ème Président de la FIFA et ce depuis 1998. D'abord secrétaire général, vous avez ensuite gravi les échelons pour devenir directeur exécutif et ensuite Président. Je devrai être fière que mon canton dans lequel j'ai toutes mes racines possède un personnage si important évoluant dans les hautes sphères internationales. Et pourtant aujourd'hui, j'ai simplement l'envie de vous écrire cette missive pour vous dire tout le mépris que j'ai pour la Fédération que vous dirigez. 

Je ne vais pas reproduire les thèses figurant dans deux livres que vous n'avez certainement pas gardés sur votre table de chevet: How They Stole the Game (Comment ils ont volé le jeu), publié en 1999 et Carton rouge, sorti dans les meilleures librairies en 2006. Je rappellerai simplement que vos pratiques électorales sont plus que douteuses et que vos relations avec la société de marketing sportif ISL sont toutes particulières. J'insisterai également sur le fait que pour les deux ouvrages précités, la FIFA a tenté en vain d'interdire leur publication.

Je reprendrai vos déclarations complètement loufoques en 2006 lorsque vous avez publiquement nié l'existence du dopage dans les sports collectifs, en rajoutant en 2012 que les cas détectés dans le monde du football ne concernaient qu'"un peu de drogue, de la marijuana et un peu de schnouf".

Je rajouterai aussi vos propos plus que méprisables à l'égard des supporters homosexuels, lesquels sont invités, s'ils se rendent au Qatar pour soutenir leurs équipes nationales "à s'abstenir de toute activité sexuelle pendant la Coupe du monde de football au Qatar", pays dans lequel l'homosexualité est encore perçue comme un péché par l'islam, religion d'Etat.

Vous avouerez, Monsieur le Président, que la liste des propos détestables que vous tenez à longueur d'années footballistiques est conséquente et qu'elle ne vous fait pas honneur. De plus, vous semblez faire fi des critiques toujours plus acerbes qui pleuvent sur votre Fédération, fustigeant ses décisions dans le domaine du ballon rond.

Il y a quelques jours, vous persistez dans la même voie méprisable durant l'entretien accordé à notre journaliste fétiche de la Radio télévision suisse romande, Darius Rochebin, devant lequel vous déclarez avec votre petit sourire condescendant et peu à votre aise que le choix du Qatar pour l'organisation de la coupe de 2022 était en quelque sorte une "erreur", tout en rajoutant du haut de votre narcissisme que vous allez briguer un nouveau mandat comme Dieu Président. Vous rajoutez même que tout le monde sur cette terre peut faire des erreurs.

Vous n'avez pas pu voir alors le bras d'honneur que j'ai décroché devant mon petit écran et je dois dire que même avec ce geste qui, je l'avoue, n'est pas des plus polis, je n'ai pas pu exprimer toute la colère et le dégoût que votre organisation m'inspire. Certes, tout le monde peut faire des erreurs mais quand on est Président d'une telle Fédération, les bourdes commises prennent une toute autre tournure que celle que pourrait faire une caissière à la Migros.

Quand on sait le scandale que représente cette organisation au Qatar, on devrait vous envoyer travailler par 50 degrés à l'ombre pour construire des stades gigantesques avec Bikash et Rishav, ouvriers népalais qui crèveront sans doute avant que n'ayez eu la force de casser un seul caillou et de salir votre beau costume. Déclarer que c'était une "erreur" est certes un aveu mais c'est aussi, pour ceux qui se tuent là-bas pour construire des stades dans un pays où le football était un sport méconnu et sans importance il y a quelques années encore, un mépris profond de ce qu'ils endurent au quotidien depuis que le choix de la Coupe s'est porté pour ce pays. Combien faudra-t-il encore de cercueils qui franchiront la douane à Katmandou pour que vous admettiez TOUTES les erreurs et les malversations de vos amis mafieux? Quand comprendrez-vous enfin que votre attitude et celles de ceux qui vous entourent est en train de créer depuis plusieurs mois des travailleurs esclaves œuvrant dans des conditions inacceptables pour que des stars du ballon rond et les nantis qui les regardent puissent profiter de stades fermés et climatisés en toute quiétude.
Et vous avez encore l'outrecuidance de vous proposer pour un nouveau mandat, comme si l'ampleur de la bêtise ne suffisait pas. Sans doute le goût du pouvoir, le luxe des hôtels et les blondes platines proposées sur un plateau pour les soirées suivant les grandes réunions seraient trop difficiles à abandonner quand on s'est vautré pendant des années dans l'hypocrisie et la luxure. Finalement, qu'importe un ouvrier népalais de plus ou de moins si on peut encore célébrer dans des stades climatisés les exploits de champions cokés se prenant pour des dieux vivants et hurlant de douleur face aux caméras du monde entier lorsqu'ils ont le malheur de brouter un peu de gazon de la pelouse. Etre responsable d'un désastre social et écologique n'est rien en comparaison des avantages auxquels on a droit quand on fait partie de la petite famille fifanesque.
Permettez-moi de vous dire, Monsieur le Président, que si un jour je vous rencontre dans une manifestation valaisanne, style giron des fanfares de la vallée d'Illiez ou consécration de la prochaine Reine des Alpages, je vous soufflerai un petit air directement dans les oreilles avec ma vuvuzela de compétition, ceci afin de vous rendre sourd pour de bon. Car malentendant vous l'êtes déjà, vous qui persistez dans cette attitude arrogante alors que les flots de critiques s'abattent sur vos décisions et celles de vos petits copains.

Je ne considérerai jamais comme un acte de bravoure vos déclarations à la télévision suisse romande car je suis convaincue que de dire que le Qatar est une erreur pour le monde du football survient un peu trop tard alors que Nabin et Aakash ont rejoint leur Népal natal les pieds devant, ayant juste gagné de quoi nourrir femmes et enfants pour quelques mois. Tout cela pour que le futur Messi ou Ronaldo puissent courir après un ballon sans trop souffrir de la chaleur et toucher à la fin du mois un salaire tout à fait indécent.
Vous me répondrez que ce n'est pas seulement le monde du football qui est entaché de scandale. On pourrait aussi relever les cachets des joueurs de tennis ou ceux des pilotes de formule 1 mais aujourd'hui, c'est le monde du football qui a retenu toute mon attention.

Certains ont clamé que le football est l'opium du peuple. Sans doute est-ce vrai en partie lorsqu'on voit la ferveur de certains supporters à l'approche de la grand-messe brésilienne.  
"Du pain et des jeux" proclamait-on déjà dans la Rome antique. Aujourd'hui, vibrer pour son équipe nationale permet de s'évader d'un quotidien morne et représentera un prétexte pour beaucoup de se réunir pour regarder des matchs en buvant des bières. Ce sera l'occasion toute rêvée pour faire la fête et danser au son de la samba. En cela, Monsieur le Président, vous avez raison de penser que le peuple brésilien, le coup d'envoi lancé, mettra le feu à la planète entière. On oubliera la crise sociale, les manifestations dans les favellas et les stades qui tomberont en ruine après la fin des matchs. Finalement, tout cela n'est pas le plus important.

Un peu d'opium et du foot, c'est sympathique pour oublier la crise économique, le chômage, les factures et tous les problèmes de notre temps. Mais avec l'opium, vous reprendrez bien un peu de schnouf Monsieur le Président, histoire de tenir encore un peu le coup et d'être réélu pour un nouveau mandat sans fin et peut-être qu'ainsi vous arriverez sans encombre jusqu'en 2022, pour assister à la plus vaste fumisterie sportive de tous les temps.

En espérant que ces quelques lignes vous feront l'effet d'un carton rouge, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, mes salutations distinguées.

© Dédé Mai 2014

dimanche 27 avril 2014

Fous ta cagoule et va jouer au ballon




Dans quelques semaines, le monde entier aura les yeux rivés sur les stades brésiliens. A l'intérieur de ces édifices gigantesques qui auront coûté des dizaines de milliers d'euros à la population et au gouvernement se trémousseront des stars rémunérées de manière indécente pour courir après un vulgaire ballon rond.
La coupe du monde de football débutera le 12 juin et se terminera si tout se déroule comme prévu le 13 juillet.

Ce sera l'occasion de boire de la bière en rotant devant la télévision, de se gratter les roupettes avec les copains vautrés sur le canapé, de vivre ensemble des heures folles en supportant nos équipes nationales, de faire des paris débiles et de voir des foules en délire se trémousser au rythme de la samba dans les stades brésiliens. Les bistrots prépareront des caipirinhas dégueulasses et mettront des écrans géants pour appâter les consommateurs. Les patrons verront arriver le lendemain des employés hagards qui auront fêté toute la nuit les prouesses de leurs stars en culotte courte.

Pour les plus chanceux dont je fais partie, habitant dans le centre des grandes agglomérations de ce pays, on dégustera jusqu'à une heure avancée de la nuit les crétins qui circuleront au volant de leur bagnole en klaxonnant pour fêter la victoire de leur équipe. Il y aura les Espagnols, les Portugais, peut-être quelques Français et puis bien sûr les Suisses si la Nati arrive déjà à bout de l'Equateur le 15 juin prochain. Les Anglais resteront confinés dans les pub à boire de la bière en gueulant comme des bœufs et les Allemands feront des grillades sur leurs terrasses en criant: "Hop Deutschland!"

Depuis quelques semaines, les binettes des membres de l'équipe nationale  s'affichent partout. On connaît les malheurs de chacun d'eux au point que leurs souffrances deviennent les nôtres. On arrête de respirer quand on apprend que Shaquiri est blessé et on reprend des couleurs quand il rassure ses fans sur son état de santé à 60 jours du premier match de la Nati. On boit plus de Coca Cola, partenaire officiel de la FIFA, du coup on a plus de gaz dans l'estomac que l'on doit évacuer bruyamment soit par-devant, soit par derrière. Les vignettes Panini sont échangées dans les cours de récréation par des hordes d'écoliers hystériques. On s'étiole de chagrin après avoir appris que Wölfli ait annoncé son désistement pour la compétition et le sélectionneur Hitzfeld sera bientôt canonisé par notre bon pape François à la royale abbaye de Saint-Maurice.

Promis, le temps de la compétition, j'enfilerai mes chaussettes rouges et mon string avec la croix suisse imprimée sur la ficelle pour aller bosser et je jure que j'apprendrai enfin les paroles de la deuxième strophe de l'hymne national pour ne pas avoir besoin de faire lalalala lors de la partie officielle précédant les matchs de la Nati.

La police a promis qu'elle endiguerait le flot des imbéciles qui manifesteront sans tambour mais avec trompette en actionnant avec frénésie leur klaxon. Elle proclamait déjà cela il y a 4 ans en arrière mais les débordements ont quand même eu lieu en ville. L'hystérie collective prendra le pas sur l'individu lambda qui souhaite simplement qu'on lui foute la paix, préférant les matchs de tennis, les descentes de ski ou alors rien du tout de tout cela.
 
On peut se demander pourquoi les fans ne sortent pas à chaque victoire de Federer ou Wavrinka pour faire tutututututututut pendant des heures dans les rues. On me répondra peut-être que le foot, c'est un sport plus populaire qui draine les foules et déchaîne les passions. Un ballon rond, c'est plus fédérateur qu'une balle jaune. Ou alors peut-être que les fans de foot sont plus débiles que les fans d'autres sports.

Ceci est une hypothèse qui mérite qu'on s'y attarde quelque peu.

Les fans de foot suisses ont déjà vécu la grand messe de la finale de la Coupe de Suisse qui s'est jouée dans la capitale le 21 avril dernier. Cette année, c'était un duel entre Suisses allemands, FC Bâle contre FC Zurich. Zurich l'a emporté après prolongation contre Bâle qui pourtant était donné comme favori suite à sa carrière plus que respectable au niveau international. Pourtant, alors que le football est considéré par beaucoup comme l'opium du peuple, une maigre assistance a salué l'exploit des vainqueurs. Mais là ne réside pas mon étonnement.

Au prix d'un important déploiement de forces et de mesures préventives, la police bernoise a pu heureusement empêcher toute confrontation "majeure" entre fans zurichois et bâlois lors de la finale.
Seulement, ce qui devait être la fête du sport en ce lendemain de Pâques dérive en une lamentable démonstration de crétins casseurs dans les rues de la capitale et a fait la une du journal télévisé le soir même. Ainsi, les dégâts matériels en ville de Berne ont été nombreux et quarante-cinq personnes ont été interpellées.

Pourtant, la direction de la sécurité bernoise a eu d'intenses pourparlers avec l'association suisse de football afin de préparer la manifestation. Un parcours a été choisi pour endiguer le flots des supporters entre la gare ferroviaire et le stade. La police a sorti les gaz lacrymogène et les chiens policiers ont joué avec des balles en caoutchouc. Mais cela n'a pas suffit à empêcher les actes de vandalisme. En effet, des blaireaux cagoulés s'en sont pris aux vitrines des magasins et d'autres dégâts sur la voie publique ont été constatés. Capuchon sur la tête, entre 150 et 200 Hooligans ont fait les pitres et le car des joueurs bâlois a même été caillassé à son arrivée au stade.

Magnifique! Quelle belle démonstration d'incivilité et surtout d'imbécilité. Le résultat des courses, c'est que les autorités de la ville de Berne ne veulent plus accueillir cette joute sportive à l'avenir sous prétexte que les clubs n'arrivent pas à discipliner leurs supporters. La fête du sport est définitivement ternie.

Me revient alors le titre phare de Fatal Bazooka "Fous ta cagoule" ainsi que ses paroles mythiques que tout le monde chante l'hiver venu:

"Fous ta cagoule !
Fous ta cagoule !
Ou t'auras froid, t'auras les glandes, t'auras les boules
Fous ta cagoule, ouais !"

A Berne le 21 avril 2014, il ne faisait pas si frisquet, c'était le printemps même si la météo était plutôt capricieuse et pourtant de sombres petits cons, se croyant peut-être au Pôle Nord, se sont dit que ce serait cool de foutre leur cagoule afin de casser, piétiner, insulter et narguer. Et c'est bien plutôt la police bernoise et les victimes des déprédations qui ont eu les boules devant le spectacle déplorable laissé par les casseurs.

J'ose imaginer pourtant que la majorité des fans de foot sont plus intelligents que les capuchonés que j'ai vus à la télévision et sont porteurs encore de quelques neurones. J'espère également que les Brésiliens ne verront pas débarquer des Hooligans dans leurs rues. Mais pour ceux qui arriveront à passer à travers les mailles du filet de sécurité, cela va leur être difficile de garder une cagoule sur la tronche pour aller faire les pitres autour des stades, dans les rues et dans les favelas brésiliens.

En effet, la température sera nettement plus élevée sur le continent sud-américain que dans la capitale suisse en avril. Et on le sait bien: au Brésil, pendant les grandes fêtes et le Carnaval en particulier, on s'habille le moins possible, on se plante une plume dans le postérieur, on enfile un string, on se couvre de paillettes pour cacher ce qu'on ne saurait voir et on déambule dans les rues en branlant ses fesses sur un rythme endiablé. Pas question d'avoir une cagoule sur la tête, ça donne un air blaireau, ça tient chaud et ce n'est pas du tout sexy!

Avoir une cagoule sur la tête peut expliquer peut-être la bêtise crasse de ces casseurs du 21 avril. Une cagoule, ça donne chaud à la tête et le dégagement de la chaleur peut entraîner la fonte des neurones voire leur disparition fatale, ce qui entraîne à très court terme une prise de décision complètement faussée de la réalité et provoque des débordements sur la voie publique. On estime alors qu'il est normal de tout "péter" autour de soi, de se défouler et de faire des bras d'honneur aux forces de l'ordre. C'est l'occasion rêvée de se donner en spectacle une fois dans l'année, d'échapper à un quotidien morne et de casser les vitrines des bijoutiers suisses qui vendent des Tissot hors de prix aux richissimes nababs de pays lointains.

Il serait pourtant dommage qu'à cause d'un groupuscule de blaireaux cagoulés, les autorités sportives doivent édicter des règles de plus en plus sévères afin de canaliser les éventuels excès de frénésie: interdiction de boire de l'alcool dans les stades et dans les environs, interdiction de manger des saucisses grasses avec les doigts et de se mettre de la mayonnaise sur le maillot de foot aux couleurs nationales, prohibition des tambours et des trompettes en si bémol dans les rangs de la fanfare du club des fans, disparition des chapeaux débiles et autres maquillages affreux, présence de chiens très méchants et policiers baveux (ou l'inverse) en force dans les stades. Et pourtant, on y est presque, en tous les cas pour certains points. Et cela donne matière à réflexion: à cause d'une minorité, on impose à la majorité des règles de plus en plus strictes, dans le sport comme dans d'autres domaines.

C'est décidé, à la prochaine victoire de Federer ou de Wavrinka, ou alors de celle plus improbable de Didier Défago, je descends dans la rue cagoulée après avoir avalé un litre de Carlsberg, je mets une vuvuzela dans la pot d'échappement de ma bagnole, j'appuie sur le champignon, j'actionne le klaxon et je fonce dans les vitrines de l'UBS ou du Crédit Suisse. Cela fera un peu de ménage et me permettra de me défouler les nerfs parce que MOI AUSSI J'AI UNE VIE STRESSANTE, J'AI BESOIN D'EXUTOIRE, JE VEUX FOUTRE LE BRONX, J'AI ENVIE DE PETER LES PLOMBS. EN RESUME, J'AI ENVIE DE NIQUER LA POLICE ET DE MORDRE UN CHIEN POLICIER (ou l'inverse), JE VEUX DEGUEULER SUR LES RICHES, LES GOUVERNEMENTS ET CEUX QUI NE ME COMPRENNENT PAS.

Je serai la reine du monde le temps d'un instant. Darius parlera de moi au TJ du soir et je ferai enfin le buzz sur la Toile. Et peut-être même que la Suisse sera championne du monde!
 
Vive le sport!


© Dédé Avril 2014

 

samedi 12 avril 2014

Bande de cons-sommateurs!

Quelques fleurs pour  égayer un propos désabusé


Le printemps 2014 a été précoce.

Dès la mi-mars, sous nos latitudes, la nature a repris son rythme de croissance. Jonquilles, tulipes et autres merveilles de la nature ravivent nos yeux.
 
Tout le monde se réjouit. Les restaurateurs sortent les tables sur les terrasses mais n'ont pas le personnel suffisant pour contenter les clients, (j'ai dû attendre plus de 20 minutes pour commander ma pizza l'autre jour à Genève), la populace se précipite au bord du lac pour aller s'y promener et les stations d'hiver tirent la tronche car la saison n'a pas été des plus phénoménales: pas assez de neige à Noël, des précipitations soutenues pendant les fins de semaine, des installations bloquées à cause des mauvaises conditions climatiques et des vacances de Pâques tard en avril, ce qui a pour conséquence le départ des touristes plutôt en bord de mer que sur nos cimes dégarnies.

De toutes façons, vous l'aurez remarqué, les professionnels du tourisme ne sont jamais contents: il y a toujours quelque chose qui ne convient pas et on se lamente à longueur de saison touristique. Les stations de montagne devraient plutôt se mettre à réfléchir à comment attirer le touriste quand il y a moins de neige à Noël. Au lieu de cela, on met des canons à neige partout et les athlètes des Jeux Olympiques d'hiver à Sotchi ont sorti des combinaisons à manches courtes pour certaines compétitions. (on a pu voir ainsi les beaux muscles de Dario Cologna sur ses skis de fond)

Il faut bien l'admettre: le rythme des saisons change. Et nous devons en prendre acte.
 
J'ai ainsi appris que près d'un quart des espèces européennes de bourdons sont menacées d'extinction du fait surtout du changement climatique et de l'intensification de l'agriculture. Ainsi le Bombus fragrans (non il ne s'agit pas d'un avion à réaction mais bien d'un bourdon) vrombissant au-dessus des fleurs est gravement menacée dans l'Est de l'Europe alors que la grosse teigne Poutine est toujours au taquet près de la frontière ukrainienne. Les bourdons, comme d'autres pollinisateurs, ont un rôle essentiel dans la production alimentaire. La pollinisation d'une grande majorité d'espèces sauvages et d'espèces cultivées, comme les tomates et les poivrons, permet non seulement à ces espèces de se reproduire mais aussi d'améliorer le rendement des récoltes. Leur disparition n'est donc pas sans conséquence, comme celle des abeilles.

J'ai également appris que  l'année dernière, caractérisée par de nombreux phénomènes climatiques extrêmes, a été la sixième année la plus chaude depuis le début des observations faites par l'Organisation météorologique mondiale. On a également observé que le début de l'année 2014 a été chaotique pour certaines régions d'Angleterre et de France balayées par des vents violents pendant que plusieurs régions des Etats-Unis se gelaient le pompon. Les caprices de la météo seraient dus au réchauffement climatique selon certains scientifiques.

J'ai également lu que l'Australie va connaître une augmentation des jours de chaleur extrême et un allongement de la saison des feux de brousse au fur et à mesure que les gaz à effet de serre poussent les températures à la hausse. Les kangourous apprendront à se balader avec une lance à incendie dans le dos et les aborigènes mettront des combinaisons de pompiers pour faire la danse de la pluie qui ne viendra pas.

On assiste même à un nouveau phénomène. Après les réfugiées économiques qui coulent en Méditerranée sur des radeaux de fortune apparaissent les réfugiées climatiques. Des îles de l'Océan pacifique disparaissent sous les flot et des villages entiers sont rayés de la carte provoquant un afflux de population en Australie par exemple, la même Australie qui va cramer et crever de chaud dans un proche avenir.

Tout cela devrait nous faire réfléchir. Même si l'Homme ne peut être tenu responsable de toutes les frasques de la nature, il est à l'origine de certains phénomènes et non des moindres.
 
Nos gouvernements nous vantent les mérites du développement durable, la consommation de produits locaux, les économies d'énergie et l'utilisation des transports publics. On plante des éoliennes dans nos potagers et on fabrique des véhicules électriques.  Le citoyen fait mine d'être responsable, trie ses déchets et devise au sujet des énergies renouvelables. Les politiques réfléchissent à la diminution de certains gaz, améliorent l'offre des transports publics et mettent des taxes pour inciter les honnêtes gens à consommer plus intelligemment. On se croirait presque dans une société parfaite.
Que nenni!

Les grandes enseignes de la distribution continuent de pousser les consommateurs à manger des produits qui ne viennent pas de chez nous. En effet, quelle ne fut pas ma surprise, occupée à faire mes courses dans les rayons de la Coop, de trouver des asperges provenant... du Pérou.
 
J'ai regardé attentivement l'étiquette et j'ai reposé la barquette en rayon. A côté des dames blanches et fines trônaient les fameuses fraises espagnoles, celles qui n'ont aucun goût et qui sont cueillies par des esclaves marocains.
Alors que j'étais venue faire mes courses à pieds, ayant jeté auparavant mes bouteilles de pet à l'endroit dévolu à cet effet et que j'avais consciencieusement dit bonjour au gérant du magasin, on me propose des asperges péruviennes alors que le Valais en produit, certes plus chères mais bien plus proches.
 
Avant de commencer mes emplettes alimentaires, j'avais la pêche et puis soudain je me suis dit qu'on me prenait vraiment pour une bonne poire. Je suis alors devenue rouge de colère comme une tomate puis blanche comme une endive puis j'ai hurlé intérieurement. Ces émotions intenses m'ont presque fait tomber dans les pommes.
 
On nous prend vraiment pour des imbéciles. Non seulement ces pauvres asperges sont venues de très loin pour se faire croquer par des consommateurs suisses, provoquant des nuisances sur l'environnement rien que par leur transport mais en plus de cela, elles ont pour conséquences des désastres écologiques et humanitaires dans leur pays de cueillette.

En effet, l’ONG britannique Progressio s’est intéressée à l’état des nappes phréatiques dans la vallée péruvienne d’Ica, haut lieu de la production d’asperges. Son rapport relève qu’un pompage massif pour cette culture importante pour le développement économique de la région a conduit à un tarissement de puits. Dans certains coins de la vallée, la baisse du niveau des nappes atteindrait huit mètres par an. Du coup, l’eau serait rationnée dans certains villages, parfois à un niveau de 10 litres par jour et par personne, cinq fois moins que ce que préconise l’Organisation mondiale de la santé. Trois cent mille personnes seraient menacées par la pénurie d’eau douce.
Et pendant ce temps-là, les consommateurs suisses vont manger des asperges durant le WE pascal avec une bonne mayonnaise, s'extasiant la bouche pleine et la conscience tranquille sur ce beau printemps.

Non vraiment, je ne comprends pas les contradictions qui nous entourent. On se fait presser comme des citrons pour certaines taxes environnementales, on n'a plus un radis à la fin du mois, on est des bonnes poires pendant que nos gouvernements ont un pois chiche dans la tête. Mais le printemps est si beau.

Certains me répondront que tout ça, ce ne sont pas mes oignons mais je me dis pourtant qu'attendre les asperges valaisannes, cela ne semble pourtant... pas le Pérou.

A bon entendeur bande de cons-sommateurs!


© Dédé Avril 2014

lundi 24 mars 2014

Plouf...

Connaissez-vous le gag de "Flip Flap la girafe"?  Non? Et bien je vais le raconter pour les ignorants. Il était une fois une girafe dans la savane africaine. Elle déambulait tranquillement en ingurgitant quelques feuilles vertes au sommet des grands arbres. Surgit alors un hélicoptère volant à basse altitude et... Flip Flap la girafe. Décapitée par les pales de l'engin et tenant à peine sur ses quatre pattes. Triste destin.

Aujourd'hui, il y a une nouvelle histoire à raconter. Il était une fois un avion, un MH370 avec une majorité de Chinois à son bord et "Plouf l'avion" dans l'océan indien.

Voir les familles des disparus à la télévision m'a étreint les tripes ce soir. On peut se demander s'il vaut mieux se faire bouffer par les vers lorsqu'on est enterré ou alors se faire sucer les doigts de pied par les poissons. N'empêche, la nouvelle est terrible.  Le cynisme m'envahit mais on va enfin pouvoir faire son deuil de tous ces Chinois. C'est peut-être mieux ainsi que d'être encore baladé pendant des semaines par des théories expliquant la disparition de l'avion toutes plus loufoques les unes que les autres.

Il n'y a pas que ce plouf dans l'océan qui m'affecte ce soir. Il y a également le plouf de la politique française lors du premier tour des élections municipales.

Ce que j'ai entendu des abstentionnistes me laisse songeuse. "Je ne vais pas voter, les politiciens sont tous des menteurs." Et plouf la démocratie et le peuple souverain. Liberté, Egalité et Fraternité.  Marine la blondasse jubile sur les plateaux de télévision avec sa voix rocailleuse et insupportable. On en devient presque écœuré rien que d'entendre ces théories nationalistes foireuses et on se demande ce que va devenir la devise de la République française dans les prochains mois à venir.

Mais quand on voit le spectacle auquel se sont livrées les vedettes au sommet  les dernières semaines, on peut comprendre le ras-le-bol des citoyens français et la poussée du Front national.

Le président est incapable de gérer son pays et de tenir les promesses de sa campagne. Résonnent encore à mes oreilles son leitmotiv lors du débat télévisé avec son ennemi Sarkozy: "Moi Président, je ferai ci et je ferai ça".
"Moi Président" n'a pas fait grand-chose et son gouvernement non plus. Au contraire, ils s'enlisent dans des scandales sans nom et affichent une mollesse et une bêtise qui font frémir le reste des élites européennes. L'Elysée prend la forme d'un immense chapiteau et ceux qui y évoluent ont tout l'air de clowns fantasques. Ne leur manque plus qu'un nez rouge au milieu de leur figure. L'accessoire serait d'ailleurs tout à fait seyant dans la panoplie de spectacle de "Moi Président".

Quant au nain et sa chanteuse écervelée à voix de feutrine , ils seraient écoutés à leur insu. Scandale! Le sir a le beau rôle en invectivant la justice et en la comparant aux activités de la Stasi. On en ri tant il en est ridicule. Il gesticule et fulmine de sa voix de fausset mais qu'en est-il de tous les scandales dans lesquels il a baigné?

Plouf la politique française qui n'en finit pas de se donner en spectacle: des socialistes qui virent à droite, gauche caviar insipide et fantasque;  une UMP qui a la fâcheuse tendance à s'approprier quelques thèses du Front national et une blonde roquet qui dégueule sur ces sales étrangers responsables de tous les maux.

Il n'y a donc guère de surprise à avoir en ce lendemain d'élections. Marine tire simplement son épingle du jeu, profitant du lamentable cirque des fantoches à gauche comme à droite. Heureusement ou malheureusement, on sourit devant l'émotion non maîtrisée de Bayrou devant ses partisans.

Rassurez-vous, la Suisse ne vaut pas mieux que la France. Les partis de gauche et de droite sont incapables de comprendre les inquiétudes du petit peuple et cette apathie crasse fait le jeu de l'Union démocratique du centre. Soudain, le lendemain du 9 février, la Suisse se réveille avec une gueule de bois après la votation sur l'immigration de masse.

Tel un touriste chinois qui flotte dans l'habitacle du MH370, les citoyens nagent dans l'indécision et le ras-le-bol face à des élites dirigeantes qui ne savent même plus se diriger elles-mêmes.

Et plouf la belle idée de la démocratie. Si l'acte citoyen d'aller voter pour élire les dirigeants qu'on souhaiterait éclairés afin de gouverner la Cité se vide de son sens et devient une idée exsangue pour le peuple, que doit-on envisager pour l'avenir de nos pays?

Il y a de quoi se poser des questions et réfléchir sérieusement. L'abstentionnisme ne devrait pas devenir la norme d'un peuple désabusé, ayant perdu confiance dans ses autorités.

Je ne suis pas sûre que le Front national ou l'Union démocratique du centre  soient plus capables de conduire nos pays et de faire en sorte que la liberté, l'égalité et la fraternité soient toujours les ciments de nos démocraties. La peur de l'Autre, le repli sur soi-même n'ont mené à rien... l'analyse du passé pas si lointain que cela devrait nous le rappeler. Et un regard à l'Est devrait également nous faire réfléchir. L'équilibre de nos sociétés est précaire et mérite notre engagement en tant que citoyen. Il exige également de nos dirigeants une plus grande clairvoyance et intelligence afin d'œuvrer pour le bien de la Polis.

Je n'ai guère envie que mes idéaux de société fassent comme un avion: plouf dans le mépris le plus total des libertés humaines et de l'égalité entre les Hommes.

Ce soir, je suis plongée (plouf) dans des réflexions saumâtres. Demain est un autre jour ou alors demain est un autre aujourd'hui. L'avenir me le dira. En attendant, je vais m'acheter une bouée de sauvetage super performante pour mon prochain "voyage-croisière" en avion.


jeudi 23 janvier 2014

Un monde fou

Occupée à méditer sur les méandres du fonctionnement humain, j'ai retenu quelques petits événements désopilants qui me font penser que le monde est devenu fou.

- Des tas de mecs en cravate et quelques dames en tailleur se réunissent pour discuter de l'avenir de la Syrie. La conférence s'intitule pompeusement "Genève 2" alors qu'elle se déroule à Montreux.
Je suis contente, les grands pontes auront la vue sur les Dents-du-Midi dans le lointain et peut-être qu'ils en seront inspirés. Mais j'en doute. Avoir les pieds dans le lac Léman et la vue sur les Alpes suisses et françaises ne fera pas avancer les choses. Cela va juste coûter quelques gros sous à la Confédération car il faut une armée de malabars afin de sécuriser le périmètre de la conférence. En effet, les diplomates ne doivent pas recevoir des missiles dans la figure ou des tomates pourries sur leurs costards bien repassés. On espère qu'entre deux palabres, ils visiteront le mythique château de Chillon et goûteront un bon verre de la Demoiselle de mon pote vigneron Jean-Daniel. Pendant ce temps-là, les Syriens continuent à tomber comme des mouches. Mais un de plus ou un de moins, ce n'est pas si grave. On a arrêté de compter les morts là-bas, c'est trop déprimant. 

- La Coupe du monde de foot de 2022 se déroulera peut-être en hiver car il fait trop chaud en été au Qatar. Il paraît que les températures peuvent monter jusqu'à 40 degrés et ce même à l'ombre. Les pauvres crétins en culottes courtes qui courent après un ballon ne peuvent supporter de telles conditions. De la cocaïne et quelques prostituées de luxe pourraient rafraîchir le tableau caniculaire mais passer des suites royales climatisées à des terrains de foot suant en plein soleil, cela risque de provoquer quelques malaises aux joueurs qui ne sont pas forgés comme des sportifs de l'extrême. A moins que mon compatriote, grand gourou de la FIFA, ne décide d'équiper les joueurs de culottes réfrigérantes. Givré comme il est, il pourrait en être capable.
Et puis il s'agit également de penser aux spectateurs installés dans les immenses stades construits exprès pour l'occasion. La bière se réchauffe vite en plein soleil et tout le monde sait que la bière chaude, ce n'est pas très agréable. Il faut donc que le doux breuvage reste frais pour que la fête soit belle.
Et pour les autres qui n'auront pas l'occasion d'aller visiter ce pays richissime et payer des prix de fous pour des chambres dans de grands hôtels de luxe (les auberges de jeunesse n'existent pas là-bas), ils ne se rendront pas à la place de la Navigation à Ouchy pour visionner la fête sur grand écran en sirotant des litres de bière. Ils se réchaufferont les doigts autour d'un verre de vin chaud en s'agglutinant autour de la télévision dans le stand d'Amédée vendant des babioles au marché de Noël à Saint-François.
Quant à ceux qui construisent les stades et toutes les infrastructures inhérentes à ce genre de manifestation, on s'en tape franchement de connaître les conditions désastreuses dans lesquelles ils travaillent et suent. S'il fait trop chaud sur les chantiers, ce n'est pas trop grave. Un Népalais qui tombe la tête la première dans sa brouette, foudroyé par une crise cardiaque et un épuisement total, cela n'indisposera pas outre mesure le président de la FIFA. La coke aura toujours le même goût et le champagne sera toujours au frais. Et un Népalais en cache un autre, c'est bien connu.

- Les Jeux olympiques de Sotchi vont bientôt débuter. Notre bien-aimé camarade Poutine fera un beau discours devant des centaines de millions de spectateurs et de téléspectateurs. On oubliera le temps des compétitions l'anarchie qui règne dans le pays et les millions dépensés inutilement pour cette grand-messe du sport. Finalement, les droits de l'homme et de la femme, ce n'est pas si important. Si Didier Défago gagne la descente, on fera une grosse noce à Morgins pour fêter l'événement (peu probable, il skie un peu comme une patate ces temps-ci...) et tant pis pour les opposants au régime du petit dictateur. Et ce n'est pas non plus la fin du monde si les habitants des environs de Sotchi ont vu leur quotidien dévasté par les ballets de camions venus en renfort sur les chantiers gigantesques. Le jardin de Piotr ne produira plus de fruits et légumes pour nourrir la famille mais l'honneur est sauf car il pourra tester la piste de bob à deux les jeux terminés en déboursant la moitié de son salaire pour une seule descente. Dire que Sion avait postulé pour organiser les JO en 2002 et 2006. Quand je vois ce que ces joutes sportives sont devenues, je pense qu'on a échappé au pire en termes d'écologie et de finances publiques. Et puis à Sion, on rigole beaucoup plus avec l'affaire Giroud et l'affaire Cleusix, le conseil d'Etat in corpore se tape en effet sur les cuisses en conférence de presse. On n'a plus besoin d'une piste de bob pour attirer l'attention sur notre canton alpin. L'imbécilité et l'incompétence de certains suffisent pour porter aux nues un canton déjà la risée d'une partie de la Suisse.

- Les joueurs de tennis à l'Open d'Australie ont trop chaud car la température peut atteindre 40 degrés sur les courts. Roger et Stan transpirent beaucoup et c'est inadmissible! On devrait d'ailleurs reporter la finale de l'Open pendant la cérémonie d'ouverture des jeux de Sotchi. Il ferait plus frais et un terrain de tennis perdu parmi les infrastructures des joutes hivernales ne coûterait pas grand-chose de plus aux contribuables russes.

- Pendant qu'on transpire à grande eau en Australie, les Autrichiens ont des sueurs froides. La mythique piste de la Streif a bien piètre allure. Heureusement que les canons à neige, les grosses pelles mécaniques et les camions bruyants tournent à plein régime pour tracer parmi les prairies vertes une bande de neige blanche pour que le spectacle ait quand même lieu. L'écologie et le développement durable ne sont pas d'actualité quand les sponsors alignent le fric, que les skieurs fartent leurs lattes et que le public attend les stars du cirque blanc.  De toutes façons, depuis que Didier Cuche ne skie plus dans les compétitions internationales, je ne regarde presque plus les descentes à la télévision mais plutôt les publicités de la Mobilière dans lesquelles il fait le pitre avec son matériel. Et je me dis que s'il y a une ligne de poudre blanche parmi les sapins, cela pourrait également attirer quelques stars du ballon rond pour une séance de sniffage. On pourrait convier quelques poules de luxe dans l'air d'arrivée pour compléter le tableau idyllique des sportifs méritants du 21ème siècle.

- L'écologie ne fait pas de nombreux adeptes à Kiev. Les opposants au régime brûlent des pneus en plein centre ville et une fumée noirâtre s' élève au-dessus des bâtiments grisâtres. Tout cela parce que les Ukrainiens veulent se rapprocher de l'Union européenne. Ils pourraient quand même manifester leur ras-le-bol en silence sans polluer le reste de la planète. A l'heure où j'écris ces lignes, j'apprends que les caïds de l'opposition viennent d'investir le bâtiment du Ministère de l'agriculture. Je peux comprendre, le peuple en a marre d'être pris pour des vaches à lait. Il est temps de changer car c'est tellement connu que dans l'Union européenne, tout est si beau et idyllique sauf quand Angela se casse la figure à ski de fond et que Hollande se met à faire son cinéma avec son actrice blondasse.

Heureusement, en ce qui me concerne, je gis peinard dans mon fauteuil. Ma nouvelle télévision me permet de capter un tas de chaînes et de voir comment le reste de l'humanité se comporte. Je grince des dents en me délectant de ces nouvelles toutes plus farfelues les unes que les autres mais une chose est sûre. J'attends avec impatience la télévision du futur, celle qui me permettra de regarder des programmes interactifs et de prendre part directement à la marche du monde.

Je pourrai ainsi tirer des claques en direct à Poutine qui sera toujours président après 15 mandats, prendre la parole via écran interposé à la conférence "Genève 5895328980 " pour dire que les Syriens continuent de souffrir mais aussi les Palestiniens, les Irakiens et les Afghans, descendre la piste de la Streif avec mes skis à roulettes, me faire une ligne avec Ribéry président de la FIFA et demander un autographe à travers l'écran de télévision à Stan, numéro 1 mondial de tennis à la place de Federer qui fera des pubs pour Rolex.

Ce sera complètement fouuuuuuu.